Avez-vous déjà entendu votre cousin dire autour du repas de famille: “On est ce que l’on mange! »? Si l’énoncé arrache parfois une petite grimace, heureusement pour nous il sera possible la prochaine fois d’enrichir la conversation en répliquant que les flamants roses ne font pas exception au dicton! Oui, ces oiseaux élégants ne tirent pas leur coloration vermeille de nulle part. Elle est orchestrée en grande partie grâce à leur alimentation. En effet, les couleurs jaune, orangé, rouge et rosé du plumage des oiseaux proviennent de pigments que l’on nomme caroténoïdes. Nos amis les végétaux les synthétisent naturellement, de même que les algues, cyanobactéries, fungi et archées. Ces composés ne peuvent toutefois pas être synthétisés de novo chez les animaux : ceux-ci doivent obtenir les précurseurs des caroténoïdes dans la nourriture qu’ils consomment afin de pouvoir ensuite les modifier, les transporter et ultimement les emmagasiner dans des cellules spécifiques.
Quoi, les flamants du genre Phoenicopterus ne sortent pas de l’œuf en étant roses? Négatif. Les jeunes oiseaux arborent en premier lieu une parure grise-blanche en raison de la présence de mélanine dans leurs plumes. Puis, ce pigment est graduellement remplacé et c’est en consommant principalement des cyanobactéries et des crevettes qu’ils acquièrent les caroténoïdes nécessaires à leur pigmentation. En effet, les crevettes contiennent entre-autre de la canthaxanthine, un pigment de la famille des xanthophylles également retrouvée en grande quantité chez le flamant rose. De plus, bien que les pigments puissent être absorbés directement dans l’intestin sous leur forme oxydée, Phoenicopterus sp. peut aussi métaboliser les carotènes grâce à certaines enzymes au niveau de son foie. Dans les deux cas, les pigments entrent dans la circulation sanguine et sont transportés dans le plasma en étant accrochés à des lipoprotéines. Ils terminent leur course en étant déposés au niveau des cellules folliculaires. Résultat: un plumage flamboyant! Mais subséquemment, une carence en caroténoïdes peut conduire au blanchiment des plumes…
Sources:
- Brush, A. H. (1990). Metabolism of carotenoid pigments in birds. The FASEB Journal, 4(12), 2969-2977. doi:10.1096/fasebj.4.12.2394316
- Fox, D.L. (1962) Metabolic fractionation, storage and display of carotenoid pigments by flamingoes. Comparative Biochemistry and Physiology, 6(1), 1-40, https://doi.org/10.1016/0010-406X(62)90040-3.
- Fox, D. L., Wolfson, A. A., & McBeth, J. W. (1969). Metabolism of β-carotene in the American flamingo, Phoenicopterus ruber. Comparative Biochemistry and Physiology, 29(3), 1223-1229. doi:https://doi.org/10.1016/0010-406X(69)91026-3
- Yim, K., Kwon, J., Cha, I. et al. (2015) Occurrence of viable, red-pigmented haloarchaea in the plumage of captive flamingoes. Sci Rep 5, 16425 doi:10.1038/srep16425