Avec le début de l’automne viennent les plus incroyables voyages au monde. Au Québec, dès que les premières feuilles d’arbres commencent à tomber, une multitude d’espèces d’oiseaux entament une longue migration vers le sud. Un peu comme les humains qui prennent l’avion pour passer leurs vacances d’hiver au chaud, les espèces migratrices parcourent cette longue distance… à vol d’oiseau ! 

Pour les passionné.e.s de la nature, ce moment tant attendu est l’occasion idéale pour observer ces créatures volantes en action. L’art d’observer les oiseaux, communément appelé birdwatching ou encore birding en anglais, permet aux petit.e.s comme aux grand.e.s de passer des heures à surveiller les airs sans pour autant être tête-en-l’air. En effet, bien pratiquer ce passe-temps, c’est avant tout savoir se munir des meilleurs atouts et de quelques outils indispensables. Afin de vous lancer dans cette quête, nous vous proposons ici une liste de cinq astuces sur l’observation et la photographie des oiseaux tels de vrai.e.s ornithologues.

1. Allez dans un lieu où il serait possible d’en trouver.

Le terrain de jeu peut être un endroit plus ou moins modifié par la main de l’humain. Ce qui est génial, c’est qu’il est possible de trouver des oiseaux dans les zones rurales telles qu’une forêt, une prairie ou une montagne aussi bien que dans les zones urbaines telles qu’un terrain vague, un espace vert isolé au cœur d’un quartier ou un cimetière. Il suffit de trouver un endroit contenant des arbres, des buissons ou des parois où peuvent s’abriter les oiseaux. Même les entrées de stations de métro peuvent vous réserver des surprises. Il suffit de penser aux pigeons résidant à la station de métro Acadie, à Montréal, par exemple ! Gardez l’œil ouvert. La seule différence qui réside entre une zone rurale et une zone urbaine est qu’on n’y trouve pas les mêmes espèces d’oiseaux.

2. Gardez le silence en restant à l’écoute.

Il ne faut jamais oublier que le silence est un véritable atout. Se fondre dans le décor est la meilleure façon de voir apparaître des animaux comme par magie. Si vous le pouvez, asseyez-vous (ou adoptez une position confortable de yoga si c’est ce que vous préférez) et attendez un peu. Aussi, « ne pas faire de bruit » n’est pas synonyme de « ne rien faire du tout ». Il faut rester à l’affût durant l’attente, tel est le secret pour trouver l’oiseau rare. 

3. Munissez-vous de bon matériel.

Est-ce un avion ? Un oiseau ? Superman ? À moins d’avoir un œil de lynx, se munir de jumelles est la meilleure façon de démystifier la nature des objets volants non identifiés situés à distance. D’ailleurs, une bonne manière d’immortaliser les meilleures observations d’oiseaux est d’en prendre en photos. Pour ce faire, essayez d’utiliser une caméra plutôt qu’un cellulaire si vous en avez l’occasion. Vous n’avez pas besoin de vous ruiner : parfois les boîtiers de type « point-n-shoot » vous suffiront pour des photos sensationnelles à garder en souvenir. Ces boîtiers sont surtout utiles si vous observez des espèces aux mangeoires. Si vous possédez déjà du matériel de photographie plus avancé et que vous voulez aller toujours plus loin, un téléobjectif pourra faire des merveilles. Si vous n’avez pas de téléobjectif, coller les jumelles précédemment citées à l’extrémité de l’objectif de l’appareil photo est une manière Do It Yourself efficace de prendre des photos d’objets éloignés. Informez-vous aussi pour savoir si votre boîtier est de type « AP-C » ou « full frame », car cela aura un impact sur le cadrage et la distance focale idéale de lentille à choisir. Essayez aussi de vous habiller en conséquence. Il faut, par exemple, penser à porter des pantalons longs en guise d’armure si l’on se promène dans la broussaille là où des tiques se tiennent en embuscade.

4. Connaître les créatures fantastiques et comment les trouver.

Connaître les habitudes des oiseaux (leurs heures préférées de chant, la nourriture dont ils raffolent, l’endroit où ils débutent leur migration, etc.) peut sembler être du stalking. Il reste que c’est la meilleure technique pour savoir où, quand et comment les chercher. Pour cela, s’équiper d’un bon guide de terrain fait l’affaire. Toutefois, lorsque vous connaissez leurs habitudes, assurez-vous de toujours respecter l’espace vital des oiseaux. Il n’est pas rare de croiser sur des sites très prisés par les strigidés (chouettes et hiboux) des photographes qui, par exemple, lancent des rochers ou font du bruit pour prendre le parfait cliché à rajouter dans eBird1. L’approche la plus respectueuse, la plus authentique et la plus courageuse reste d’être bon joueur et patient.e sans jamais chercher à « causer » la photo parfaite. Il est également déconseillé d’utiliser des sons afin d’attirer les oiseaux sauvages. Ces règles du jeu reviennent à être des règles de bienséance qui existent pour préserver les oiseaux. C’est l’éthique de ce passe-temps.

5. Invitez-les à venir souper chez vous (s’ils le veulent bien).

Si vous n’allez pas chercher les oiseaux, vous avez toujours l’option de les inviter à venir chez vous à l’aide d’une mangeoire. Toutefois, attention : cette technique doit être réalisée avec soin afin de ne pas devenir nuisible. Peu importe le type de mangeoire que vous choisirez, il est important d’en faire un bon entretien afin d’éviter que ladite mangeoire devienne un vecteur de propagation de maladies. Il faut aussi porter attention à la qualité de la nourriture employée. Pour ce qui est d’aller nourrir les oiseaux (ou autres animaux) à la main, ce n’est pas recommandé, puisqu’ils risquent de trop s’habituer à la présence humaine. 

Dans le pire des cas, si vous n’avez pas eu l’occasion de voir ou de prendre en photo un de ces « Pokémon » de type vol lors de votre expédition, cela aura été une belle expérience d’écoute de la nature. Après tout, le but du birdwatching n’est pas de collectionner le plus de photos d’oiseaux le plus rapidement possible. Ne serait-ce qu’en apercevoir un seul suffit amplement pour « être aux petits oiseaux ».

1 NDLR : eBird est une plateforme en ligne permettant aux citoyennes et citoyens comme aux ornithologues plus aguerri.e.s d’enregistrer (et de partager) des occurrences d’oiseaux. Attention toutefois aux espèces sensibles comme les hiboux et les chouettes où il est plus sage d’éviter de dévoiler leur position exacte afin de les protéger d’une affluence de paparazzis qui peuvent embêter l’oiseau. Découvrir l’existence d’un oiseau, c’est aussi détenir la responsabilité de son bien-être.

Pour vous donner envie de prendre votre envol en tant que birdwatcher, voici quelques photos d’oiseaux prises en 2021 et en 2022, sur l’île de Montréal et ailleurs.

Dindon sauvage (Meleagris gallopavo)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Geai bleu (Cyanocitta cristata)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Junco ardoisé (Junco hyemalis)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Hibou moyen-duc (Asio otus)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Pic chevelu (Leuconotopicus villosus)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Chouette Lapone (Strix nebulosa)
Lieu de la photographie : Terrebonne, Qc
Photo par : Laurence Robert
Pigeon commun (Columba livia domestica)
Lieu de la photographie : Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Moineau domestique mâle (Passer domesticus)
Lieu de la photographie : Rue Duluth, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Moineau domestique femelle (Passer domesticus)
Lieu de la photographie : Rue Duluth, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Mésange à tête noire (Poecile atricapillus)
Lieu de la photographie : Cimetière du Mont-Royal, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Merle d’Amérique (Turdus migratorius)
Lieu de la photographie : Cimetière du Mont-Royal, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos)
Lieu de la photographie : Rue Willowdale, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus)
Lieu de la photographie : Vieux Port, Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Bernache du Canada (Branta canadensis)
Lieu de la photographie : Montréal, Qc
Photo par : Teodora Stan
Gélinotte huppée (Bonasa umbellus
Lieu de la photographie : Station de biologie des Laurentides, Qc
Photo par : Teodora Stan
Grive solitaire (Catharus guttatus)
Lieu de la photographie : Montagne d’Argent, Qc
Photo par : Yalodora

Laurence prend ses photos avec un boîtier Nikon D3400 et une lentille Nikkor 55-200mm.

Teodora prend ses photos avec un boîtier LUMIX DMC-ZS60 avec un objectif Leica DC Vario-Elmar 24 mm.

Sources : 

  1. eBird (2022). Repéré au https://ebird.org/home

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