Les méduses n’ont pas de cerveau et pourtant certaines sont capables de vivre plus longtemps que nous, Homo sapiens sapiens. Peuplant les mers, les méduses font partie de l’embranchement des cnidaires et pourraient être la nouvelle fontaine de jouvence1. Habituellement, les méduses ont un cycle de vie en quatre étapes : la planula qui est l’équivalent du stade larvaire , le polype qui se fixe sur les coraux et la zone benthique, la méduse immature et la méduse mature capable de se reproduire2. Cependant, notre intérêt se porte sur  Turritopsis dohrnii qui ne semble jamais vieillir. Cette méduse à été décrite pour la première fois en 1883 par Weismann. Turritopsis dohrnii a le goût du voyage, car on la retrouve quasiment dans chaque continent ! On la surnomme la “méduse immortelle” depuis la découverte de son cycle de vie très spécifique en 19802.

En effet, on pourrait dire que la méduse immortelle est capable de rajeunir, mais ce n’est pas la seule capable de faire cela. Son parent proche Turritopsis nutricula peut aussi redevenir immature1. Pour ce faire, la méduse est capable de retourner à une phase immature où elle n’est pas sexuellement active. Parmi les stades de son cycle de vie, celle-ci redevient un polype en état de stress ou pour se protéger. Elle redevient quasiment un bébé en modifiant son cycle de vie par rapport aux autres méduses peuplant les milieux aquatiques2. Elle est capable de contrer le vieillissement de ses cellules, processus du nom d’inversement d’ontogenèse soit la faculté de passer d’un stade immature à un stade mature1.

Figure 1. Stade polype de Turritopsis dohrnii.  (a) Partie d’une colonie. (b) Polype avec un jeune bourgeon de méduse. (c) Partie basale de l’hydrocladie. (d) Bourgeon de méduse presque complètement développé. Échelle : A = 1 mm ; b–d = 0,4 mm. Images: Martell et al., 2016, Italian Journal of Zoology.
Figure 2. Schéma du cycle de vie de Turritopsis dohrnii. (1a) Stade de gamètes et d’œufs. (1b) Stade de planula. (2) Stade de polype. (3) Stade de méduse immature. (4) Stade de méduse mature. Schématisé par Elora Edon et Lucie Monmarteau, 2022.

De ce fait, Turritopsis dohrnii redevenue immature est capable de grandir à nouveau d’un polype à son stade mature sans prendre une ride3

Des recherches en laboratoire ont même été effectuées afin de savoir combien de fois cette méduse était capable de revenir à sa forme enfantine. Une des méduses a été capable de rajeunir dix fois en deux ans soit quasiment une fois par mois. Les scientifiques supposent que cette capacité peut être infinie3.  

Cette méduse considérée immortelle est fortement étudiée au niveau de son cycle de vie, car sa capacité d’arrêt de vieillissement cellulaire est rare parmi les êtres vivants. Il est possible que dans le futur, cette espèce soit amenée à être étudiée pour préserver du vieillissement que ce soit au niveau de maladie génétique, de handicap, de cécité ou bien encore de dégénérescence cellulaire pouvant créer des cellules cancéreuses2. Peut-être a-t-on percé à jour le secret de la fontaine de jouvence ?

Bibliographie

[1]Martell L., Piraino S., Gravili C. & Boero F. (2016) Life Cycle, Morphology and Medusa Ontogenesis of Turritopsis Dohrnii (Cnidaria: Hydrozoa). Italian Journal of Zoology, 83(3), p. 390-99. https://doi.org/10.1080/11250003.2016.1203034 

[2] Piraino S., De Vito D., Schmich J., Bouillon J. & Boero F. (2004) Reverse development in Cnidaria. Canadian Journal of Zoology, 82, p. 1748-1754. https://doi.org/10.1139/z04-174 

[3]  Kubota S. (2011) Repeating rejuvenation in Turritopsis, an immortal hydrozoan (Cnidaria, Hydrozoa).  Biogeography, 13, p. 101-103.10.1080/11250003.2016.1203034

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