Les Bernard-l’hermite (ou Bernard l’ermite) sont des crustacés reconnus pour le fait de porter une coquille de Gastéropode sur leur dos, d’où provient leur nom “ermite”. Ce sont des invertébrés décrits par Latreille en 1802 et ils font partie de la famille des Paguridae appartenant au règne Animalia. Ces crustacés vivent dans les milieux d’eau salée, dans les mers et les océans 1

Les bernard-l’hermite possèdent un exosquelette sauf au niveau de l’abdomen qui est mou et sans calcification, ce qui les obligent à vivre avec des coquilles de gastéropodes. Leur abdomen s’enroule à l’intérieur de la coquille pour se protéger 2. En plus de la protection de l’abdomen, cela peut aussi les protéger de certains prédateurs tels que les oiseaux ou encore les poissons. De plus, les femelles peuvent transporter des œufs qui vont être aussi protégés par la coquille 3. Cela les protège aussi des combats avec des congénères qui peuvent avoir lieu. Ainsi, la coquille est une nécessité pour la survie des bernard-l’hermite.

Trouver la bonne coquille pour le bernard-l’hermite est donc une activité nécessaire à sa prospérité. En effet, les bernard-l’hermite ont tendance à grossir avec le temps, notamment à chaque mu de leur exosquelette. Ainsi, renouveler leur coquille est important pour eux ou alors ils vont chercher à changer de coquille si la leur est abîmée. Ils vont alors se mettre à la recherche d’une coquille de taille ou de qualité appropriée. 

En premier lieu, les bernard-l’hermite vont utiliser leur sens afin de trouver des coquilles de gastéropodes décédés. Ils ont des récepteurs sensoriels développés et utilisent aussi  l’odorat. Les yeux vont aussi jouer un rôle dans la recherche, car ceux-ci possèdent des milliers d’ommatidies qui sont des structures de l’œil permettant la vision 2

Ensuite une fois la coquille trouvée, la sélection de celle-ci se fait généralement en fonction du poids du bernard-l’hermite qui va évaluer l’intérieure et l’extérieure de la coquille à l’aide de ses membres articulés et de ses récepteurs. Certaines espèces vont avoir des préférences dans le choix de leur coquille que ce soit au niveau de leur forme, leur couleur ou l’espèce de gastéropode par exemple  4

En second lieu, le bernard-l’hermite va éviter de se retrouver face à une coquille abîmée. Certains vont même préférer une coquille plus petite qu’une coquille abîmée, car les coquilles abîmées vont mettre à risque les bernard-l’hermite. En effet, cela peut entraîner un risque plus important de mortalité chez les prédateurs, une diminution de mobilité, un  désavantage important face à la compétition et plus de chance de perdre les combats de coquille de bernard-l’ermite, mais réduit aussi le fitness, la capacité de reproduction (soit la fécondité) et le métabolisme. De ce fait, une coquille abîmée réduit grandement les chances de survie des bernard-l’hermite dans leur habitat aquatique et terrestre 1

À l’heure actuelle, la pollution dans les milieux marins affecte les bernard-l’hermite face à la recherche et la récolte d’informations qu’ils peuvent faire vis-à-vis des coquilles. Certaines études récentes démontrent une réduction de la réponse cognitive face à la prise de décision de changer de coquille dû aux plastiques 5. De ce fait, le fitness des bernard-l’hermite se voit affecté et pourrait causer des problèmes dans leur population dans les années à venir 6.

En troisième lieu, il est à noter que la coquille est un facteur limitant dans la biologie des bernard-l’hermite. En effet, la coquille qu’ils portent sur leur dos appartient à des gastéropodes décédés et cela peut les contraindre à initier des combats contre leurs pairs si la quantité de coquilles présentes dans l’environnement est faible 4.
Les bernard-l’hermite vont initier un combat avec leurs congénères pour différentes raisons, mais souvent celles-ci vont être dues au fait que l’attaquant souhaite récupérer la coquille que possède son adversaire ou d’évaluer la qualité de sa coquille qui se dénomme le “potentiel de détention de ressource” (soit “resource holding potential”en anglais, abrégé en RHP dans la documentation scientifique). Ainsi, plusieurs décisions vont être prises en compte par les deux partis comme nous pouvons le voir dans les figures ci-dessous 7.

Fig 1. Les décisions prises par le bernard-l’hermite attaquant pendant le combat de coquille et les facteurs affectant ces décisions (Dowds et Elwood, 1983).
Fig 2. Les décisions prises par le bernard-l’hermite défenseur pendant le combat de coquille et les facteurs affectant ces décisions (Dowds et Elwood, 1983).

En général, la taille des bernard-l’hermite va différer lors des combats, car un des congénères sera souvent plus grand que son adversaire selon le principe qu’ils cherchent à changer de coquille dû à leur croissance. Cependant, cette taille va être influencée par la taille des ressources disponibles dans leur environnement. Un bernard-l’hermite ayant vécu dans un milieu avec plus de ressources aura tendance à être plus gros qu’un bernard-l’hermite n’ayant pas eu ces opportunités 8. De plus, la taille du bernard-l’hermite va influencer sa capacité à réaliser toutes les étapes de combats : le pré-combat, le combat, l’éviction de l’adversaire de sa coquille et l’évaluation de la coquille du perdant avant et après son éviction. Un bernard-l’hermite plus gros et en meilleure santé aura plus de chance de gagner le combat 8.

Lors du combat, l’attaquant va évaluer la coquille de celui qu’il veut battre. Le défenseur va alors se rétracter dans sa coquille le temps que celui-ci soit inspecté. Le défenseur est alors en désavantage, car l’attaquant possède plus d’informations, notamment vis-à-vis de sa coquille et celle de son adversaire. Souvent, on dénote que les bernard-l’hermite avec des coquilles de mauvaise qualité ou abîmées vont être ceux initiant souvent l’évaluation d’une coquille et d’un potentiel combat étant donné le gain généralement plus important 8.

L’attaquant va alors essayer d’attraper les appendices de sa victime pour le forcer à sortir ou même faire basculer la coquille. Le défenseur risque de subir des dommages physiques, manquer d’oxygène ou encore être désorienté dû au combat 8.Le vainqueur va ensuite décider si, oui ou non, la coquille gagnée lui convient. Si c’est le cas, il change de coquille, car celle-ci lui permettra probablement un meilleur fitness. Si elle ne lui convient pas, le bernard-l’hermite gagnant peut décider de retourner dans sa propre coquille après inspection 8. Ainsi, se termine le combat d’un bernard-l’hermite !

Bibliographie

[1] McLaughlin, P. & Türkay, M. (2011). Lemaitre R, McLaughlin P. “Paguroidea”. World Paguroidea & Lomisoidea database. World Register of Marine Species. https://www.marinespecies.org/aphia.php?p=taxdetails&id=106738

[2] Suárez-Rodríguez, M., Kruesi, K., & Alcaraz, G. (2023). Hermit crabs use vision, olfaction, and eavesdropping to detect potentially available gastropod shells on a natural rocky shore. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 559, 151836. https://doi.org/10.1016/j.jembe.2022.151836

[3] Hazlett, B. A. (1981). The Behavioral Ecology of Hermit Crabs. Annual Review of Ecology and Systematics, 12(1), 1-22. https://doi.org/10.1146/annurev.es.12.110181.000245

[4] Hahn, D. R. (1998). Hermit crab shell use patterns : Response to previous shell experience and to water flow. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 228(1), 35-51. https://doi.org/10.1016/S0022-0981(98)00002-1

[5] Crump, A., Mullens, C., Bethell, E. J., Cunningham, E. M., & Arnott, G. (2020). Microplastics disrupt hermit crab shell selection. Biology Letters, 16(4), 20200030. https://doi.org/10.1098/rsbl.2020.0030

[6] McDaid, A., Cunningham, E. M., Crump, A., Hardiman, G., & Arnott, G. (2023). Does microplastic exposure and sex influence shell selection and motivation in the common European hermit crab, Pagurus bernhardus? Science of The Total Environment, 855, 158576. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.158576

[7] Dowds, B. M., & Elwood, R. W. (1983). Shell wars : Assessment strategies and the timing of decisions in hermit crab shell fights. Behaviour, 85(12), 1-24. https://doi.org/10.1163/156853983X00011

[8] Dowds, B. M., & Elwood, R. W. (1985). Shell wars II : The influence of relative size on decisions made during hermit crab shell fights. Animal Behaviour, 33(2), 649-656. https://doi.org/10.1016/S0003-3472(85)80088-9

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