L’animal le plus proche génétiquement de l’homme est le chimpanzé. Jusque-là, on ne vous apprend rien de très surprenant… L’étude de la génomique comparative nous l’a bien fait entendre, nous révélant de nombreuses similitudes génétiques avec d’autres organismes vivants. Des plus prévisibles comme celles avec le chimpanzé, aux plus inattendues : le génome humain ressemble à 90 % à celui d’un chat, à 80 % à celui d’une souris, d’un éléphant ou d’une vache, ou encore à 61% à celui d’une mouche. Mais qui aurait pensé que le fruit jaune préféré de notre garde-manger faisait partie de cette longue liste non exhaustive de partage de patrimoine génétique ? Pourtant, la banane partagerait plus de la moitié de nos gènes humains, 60% si l’on se réfère à Business Insider. Comme quoi peut-être que l’adage clamant que “Tu es ce que tu manges” serait plus justifié que ce que l’on pense… Mais si cette drôle d’idée semble fort plaisante à croire, la vérité sur ces statistiques semble bien plus contrastée.
Rappelons-nous, tout être vivant est fourni avec son « manuel d’instruction », notre génome. Celui-ci regroupe 3 milliards de « blocs de construction génétique », ou paires de bases, qui font de nous ce que nous sommes et d’une banane ce qu’elle est. Parce qu’ils remplissent tous des fonctions analogues d’une espèce à l’autre comme respirer ou se reproduire, et qu’ils nous permettent globalement à tous de vivre et de grandir, le chevauchement, pour reprendre le terme de certains auteurs, est inéluctable. Ainsi n’est-il plus si étonnant de s’apparenter à une banane. Maintenant, est-ce que manger « sœur banane » nous rend cannibales ? Non, bien sûr. Car il y a une distinction à faire entre ADN et gènes, distinction d’ailleurs régulièrement omise par l’euphorie de la presse, d’où la confusion. Le génome aura en effet tendance à désigner la totalité de l’information génétique (l’ADN) comme l’ensemble de la partie codante (les gènes). Or, comme le souligne l’étudiant au doctorat en bio-informatique à l’Université de Géorgie Mike Francis, nous partageons 50% de notre ADN avec chacun de nos parents, mais avec les bananes nous partageons environ 50% de nos gènes (44, 1% pour être plus exact).
Mais d’où viennent les 60% dont parle Business Insider alors ? Leurs chiffres s’accordent en fait avec ceux du National Human Genome Research Institute, à l’origine de cette découverte, qui précise que les séquences comparées sont celles de protéines humaines et de bananiers. D’autant plus qu’on entend par là des gènes homologues et non pas identiques. Les gènes ne représentant en somme que 2% de notre ADN, les bananes n’auraient finalement qu’environ 1% de commun avec notre ADN.
Vous pouvez donc manger votre banane l’esprit tranquille et ingérer par la même occasion toutes les particules qui font d’elle une banane et vous des mangeurs de bananes.
Sources:
- Breakthroughs staff. (2017, June). How genetically related are we to bananas? Breakthroughs. Doi:https://www.breakthroughs.com/foundations-science/how-genetically-related-are-we-bananas
- Conley, N. (2019, October). Here’s how much DNA humans really share with bananas. Grunge. Doi: https://www.grunge.com/172642/heres-how-much-dna-humans-really-share-with-bananas/
- Hoyt, A. (2019, November). Do people and bananas really share 50 percent of the same DNA? HowSuffWork.Doi: https://science.howstuffworks.com/life/genetic/people-bananas-share-dna.htm
- Monod, O. (2019, Mai). Est-il vrai que les bananes et les humains partagent 50% de leur ADN? Doi:https://www.liberation.fr/checknews/2019/05/22/est-il-vrai-que-les-bananes-et-les-humains-partagent-50-de-leur-adn_1722185
- Ramsey, L. et Lee S. (2018, April). Our DNA is 99, 9% the same as the person next to us – and we’re surprisingly similar to a lot of other living things. Business Insider. Doi: https://www.businessinsider.com/comparing-genetic-similarity-between-humans-and-other-things-2016-5