le tracé du Gazoduc fragmenterait les habitats naturels d’environ 17 espèces vulnérables/en voie d’extinction

Source: Le Devoir

Alors que la vague de pandémie actuelle bouscule les décisions politiques et le quotidien de la population, une autre crise laissée quelque peu dans l’ombre se ranime : celle de l’environnement. En effet, à l’orée du projet GNL-Québec, scientifiques et environnementalistes québécois centrent leur préoccupation sur l’effet destructeur qu’induirait un tel projet sur la planète. En ces temps, leurs voix face à cette nouvelle controverse occupent une place cruciale dans le débat public. 

Mais avant tout, qu’est ce que le projet GNL-Québec?

Il s’agit d’un projet que développe l’entreprise GNL-Québec du nom d’Énergie Saguenay. Sa source d’énergie étant le gaz naturel liquéfié (GNL), il se présente comme un complexe industriel de très large envergure se composant de deux grands axes de construction. En premier lieu, un gazoduc qui parcourrait 750 à 780 km des frontières québécoises, soit au nord-est de l’Ontario, en passant notamment par une bande de terre appartenant aux peuples autochtones, jusqu’au port de la ville de Saguenay. À cet endroit est prévu la deuxième partie du projet : une usine de liquéfaction de gaz naturel. Ce gaz serait ensuite acheminé par voie maritime vers des marchés à l’international, en particulier ceux de l’Europe et de l’Asie. L’entreprise souhaite par cette exportation inciter des pays tels que la Chine, à abandonner des sources d’énergie polluantes tels que le charbon ou le mazout. 

Si la mise en place d’une méga-usine semble donner des ailes aux politiciens qui plébiscitent les retombées économiques énormes qu’une telle infrastructure pourrait apporter, les environnementalistes semblent, eux, rester un peu plus sur leurs réserves. Car malheureusement, il est difficile d’omettre le fait que le gaz naturel demeure une source d’énergie non renouvelable. Et c’est bien sur ce point précis que se formulent l’incompréhension et le désaccord exprimés par les opposants de ce projet. Plusieurs activistes soutiennent en ce sens les arguments selon lesquels la production future de ce gaz contribuerait au réchauffement climatique, et le transport par navire-citernes sur le Fjord du Saguenay à la mise en péril d’une dizaine d’espèces de mammifères marins menacés, comme le béluga. A l’appui, deux réalités se confrontent à l’avènement d’un tel projet dans un contexte de crise climatique mondiale. D’une part, le gaz naturel issu de la fracturation hydraulique se compose principalement de méthane (95%), un gaz à effet de serre considéré 84 fois plus puissant que le CO2. Ainsi, l’éventualité de futurs cas de fuites d’émissions de gaz suffirait à mettre en évidence le risque environnemental que pourrait constituer le projet GNL-Québec.

Le gaz n’est pas du tout une réponse au changement climatique. Ne serait-ce que les émissions fugitives de méthane; en fait on pense que toute la fracturation hydraulique et le gaz issu de fracturation hydraulique est probablement aussi délétère, aussi dangereux au niveau du réchauffement climatique que les bons vieux hydrocarbures conventionnels.

Dr Eric Notebgert, Association québécoise des médecins pour l’environnement

Si l’on se réfère aux chiffres qu’avance Greenpeace, ce projet émettrait un total de 50 mégatonnes de GES (Gaz à Effet de Serre) par an, tous niveaux compris. Ceci équivaut à environ 10 millions de voitures additionnelles par an sur les routes. Le projet GNL-Québec viendrait donc s’ajouter aux grands émetteurs de gaz à effet de serre.

D’autre part, le tracé du gazoduc coupe en plusieurs fragments les habitats naturels d’environ 17 espèces vulnérables/en voie d’extinction. De plus, la turbulence sonore provenant des super-méthaniers mettrait en danger la survie des bélugas du Saint-Laurent au statut pourtant protégés, une menace pour la biodiversité que les groupes environnementalistes affirment à corps et à cris.

En outre, le financement du projet, s’élevant à plus de 14 milliards de dollars, se retrouverait certainement compromis par le retrait de plusieurs grands investisseurs tels que le fonds Berkshire Hathaway, dirigé par Warren Buffett, en raison d’un contexte social et politique canadien instable. 

Devant le nouvel enjeu budgétaire de ce projet et le gros défi qu’impose la transition environnementale, les politiciens, dans leurs discours, se veulent rassurants en y soulignant le contexte changeant dans lequel nous sommes et le temps nécessaire pour qu’une telle transition se fasse. Comme le relève Marc-Urbain Proulx, professeur au département des sciences économiques et administratives à l’Université du Québec à Chicoutimi, il est complexe d’envisager une transition aussi rapide en accord avec une demande énergétique toujours aussi élevée. 

Tandis que le gouvernement vante la sécurité du GNL et l’apport économique énorme que représenterait la quantité d’emplois pouvant être créés au sein de l’usine Énergie Saguenay, la mobilisation environnementale se montre des plus vives. Plusieurs activistes s’insurgent contre l’aboutissement de ce projet par des actions menées selon les consignes sanitaires. Le 17 octobre dernier, une banderole se déployait au sommet d’un bâtiment en construction sur le campus MIL de l’Université de Montréal. Le message simple et clair “NON à GNL” s’adresse au pouvoir gouvernemental mais aussi au BAPE (Bureau d’Audiences Publiques sur l’Environnement). La communauté étudiante se tient prête à riposter contre des décisions qui impacteraient leur avenir. Les étudiants s’engagent à travers la campagne “Arrêtons GNL” depuis des semaines. Cet engagement passe entre autres par la communication des enjeux écologiques du projet et par l’écriture de mémoires envoyés au BAPE pour exprimer leur désaccord.

Au bout de 25 ans, que va-t-il arriver? Un impact environnemental, des pertes d’emplois, une région qui sera encore plus dépendante d’une grande industrie qui ne nous appartient pas.

Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti Québécois en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, député de Jonquière.

Sources:

  1. Kurdi, L. (Juillet, 2020). Les faces cachées du projet GNL/Gazoduq. Greenpeace. https://www.greenpeace.org/canada/fr/communique-de-presse/24849/le-projet-gnl-quebec-en-bref/?fbclid=IwAR3g5GKyxAXwvCWDWUhI90FWQmIrqevWAZaKr5BqigrNm8TPJGO5OcGzcWs
  2. Bergeron, P. (Sept, 2020). GNL-Québec apporterait énormément à l’économie, selon Québec. La Presse Canadienne. https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2020-09-23/gnl-quebec-apporterait-enormement-a-l-economie-selon-quebec.php
  3. https://energiesaguenay.com/media/cms_page_media/27/GNL%20101%20-%20Initiation%20au%20Gaz%20Naturel%20Lique%CC%81fie%CC%81.pdf
  4. Greener, J., & Sauvé, L. (Juin, 2019). Le projet GNL Québec doit être rejeté. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/555880/le-projet-gnl-quebec-doit-etre-rejete
  5. https://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-18h/site/segments/reportage/156679/gnl-gaz-naturel-saguenay-pipeline
  6. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1331784/gnl-blackrock-arianne-phosphate-bateaux-fjord-emplois?fbclid=IwAR2F8gOu7jWBycNHxo1F6O6S0kc9MZmh-f1w1XxmdREnWEjVlwIpBWA1ros

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.