Par le biais de la photographie, il est possible de capturer en une fraction de seconde des paysages où se démarque l’action de milliers d’années. Unique en son genre, la photographie argentique qui se réalise sur pellicules peut produire des effets fascinants et allier l’expression artistique à la mise en valeur de certains milieux.

Je me suis intéressée aux Îles-de-la-Madeleine, un archipel au Québec situé au centre du golfe du Saint-Laurent, que j’ai eu l’occasion d’explorer de nombreuses fois. Voici donc quelques images des Îles-de-la-Madeleine capturées en août 2021, qui je l’espère sauront traduire mon grand amour pour la faune et la flore de l’archipel.

Île de la Grande Entrée

Photo 1: Falaises de grès rouge sur la plage du Cap à Isaac (plage de la pointe).

Pour débuter, l’île de la Grande Entrée est située à l’extrémité Est de l’archipel. La photo ci-dessus représente un paysage très commun des îles. Une plage surplombée de falaises de grès rouge, où on peut apercevoir quelques pluviers, des oiseaux qui sont très fréquemment observés dans ces habitats. On peut entre autres observer le Pluvier argenté (Pluvialis squatarola), le Pluvier semipalmé (Charadrius semipalmatus), et pour les plus chanceux, le Pluvier siffleur (Charadrius melodus). 

Le Pluvier siffleur représente une espèce emblématique des îles en raison de son statut d’espèce désignée en voie de disparition au Canada et menacée au Québec, et car elle niche aujourd’hui uniquement aux îles à travers le territoire complet du Québec¹. Le Pluvier semipalmé peut facilement être confondu avec le Pluvier siffleur en raison de la similarité de leur plumage. En effet, les deux espèces on un collier au plumage noir et bec orange et noir l’été. Toutefois, le pluvier semipalmé a un corps d’un plumage brun tandis que le pluvier siffleur a le corps d’un gris beaucoup plus pâle².

Grosse Île

Photo 2: Réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est..

Constituée d’une impressionnante diversité d’habitats, la réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est a été créée par Environnement Canada en 1978. Cette aire protégée, qui a été fondée dans l’objectif de la protection de la faune et de la flore de cette région, comprend “des landes à camarine, des prairies salines, des forêts de conifères, des marais et des étangs d’eau douce, saumâtre et salée”³. La flore de ces milieux est incroyablement diversifiée avec des gradients marqués, de l’intérieur des terres jusqu’aux dunes. Un impressionnant total de 150 espèces d’oiseaux et une dizaine d’espèces de mammifères sont des habitants permanents ou temporaires de la réserve. Bien que les activités humaines dans la Pointe-de-l’Est soient strictement réglementées, le public y a accès grâce à de nombreux sentiers de randonnée, ainsi qu’à des visites guidées et d’interprétation organisées par des organismes à but non lucratif œuvrant en environnement ³.

Photo 3: Sentier du Bol-à-Soupe de la réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est.

Pointe-aux-Loups

Photo 4: Dunes sur la plage de la Pointe-aux-Loups.

Poursuivant vers l’extrémité sud des îles, nous passons par Pointe-aux-Loups, la plus petite île habitée de l’archipel avec sa cinquantaine d’habitations⁴. Les très vastes plages qui entourent l’archipel sont prisées autant par les humains que par plusieurs espèces limicoles. Le terme “limicole” désigne les “oiseaux se nourrissant de petits invertébrés sur le rivage et dans la vase”¹, tels que les pluviers mentionnés plus tôt, mais également les bécasseaux et les chevaliers¹. Les oiseaux limicoles, qui appartiennent à l’ordre des Charadriiformes, sont généralement de petites tailles avec des becs et des pattes de longueur très variable².

Île du Havre aux Maisons

Photo 5: La Butte Ronde et l’Anse Firmin.

Avant d’atteindre l’île centrale, notre chemin nous mène vers l’île du Havre-aux-Maisons, qui présente un relief avec plusieurs buttes et très peu d’arbres⁴. La butte ronde de la photo 6, surplombant le phare du Cap Alright, en est un magnifique exemple. Entre la photo 5 et la photo 6, qui en réalité sont deux images prises côtes à côtes, on observe un changement de paysage intéressant: le grès rouge près de la butte ronde se transforme en grès gris lorsqu’on se déplace le long des falaises. Ce sont les deux types de falaises qu’on retrouve aux îles⁵.

Photo 6: Falaises de grès gris de l’Anse Firmin.
Photo 7: Cormorans à aigrette près de l’Anse Firmin et du phare du Cap-Alright.

À quelques mètres du phare du Cap Alright, on peut apercevoir sur la photo 7 une colonie de Cormorans à aigrettes (Phalacrocorax auritus). Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) est également présent aux îles, mais en plus petite abondance et à certains endroits précis seulement. Ce dernier a d’ailleurs une réputation discutable sur l’archipel, puisque des termes tels que “pouilleux” et “pleins de poux” s’ajoutent au terme plus élégant “corbeau de mer” dans l’appellation locale¹.

D’autres oiseaux de milieu marin sont eux aussi nombreux sur les falaises, côtes, lagunes, marais, tourbières, estuaires et bien plus. Il est parfois possible d’observer les fascinantes colonies de Fou de Bassan (Morus bassanus) survolant les eaux. Fait notable, cette espèce a déjà été utilisée par les pêcheurs afin de s’orienter en mer vers les sites de pêche fructueux. Les plongeons dans l’eau du Fou de Bassan indiquent effectivement la présence de harengs ou de maquereaux, deux poissons importants pour la pêche de l’archipel¹.

Étang-du-Nord

Photo 8: Falaises de grès rouges près du phare du Borgot.

de l’île centrale se trouve la localité de l’Étang-du-Nord. La photo 8, représentant une photo capturée tout près du phare du Borgot, illustre un des paysages les plus caractéristiques des îles, soit des falaises de grès rouge. N’importe qui s’étant déjà intéressé à ces falaises de plus près pourra vous confirmer que le grès rouge s’effrite sans effort lorsqu’on le prend dans nos mains. Cette grande friabilité le rend très vulnérable à l’érosion des vagues. L’érosion crée des formes spectaculaires, mais représente aussi un énorme problème environnemental en raison de la vitesse à laquelle ces falaises s’effritent. Ce problème est également accru lors des tempêtes⁵.

Pour plus d’informations sur l’enjeu d’érosion aux Îles-de-la-Madeleine, voir l’article “Attention, érosion” de l’ARN messager.

Île du Havre-Aubert

Photo 9: Falaises rocheuses près du site historique de La Grave.

Finalement, notre trajet se termine avec l’île du Havre-Aubert, située à l’extrémité sud de l’archipel. Comme le témoignent les photos 9, 10, 11 et 12, cette île est caractérisée par une grande quantité de falaises de grès gris, qui constituent les plus hauts reliefs⁶. Le site web du tourisme des îles-de-la-Madeleine explique qu’il s’agit de “buttes volcaniques où se mêlent des veines d’argile, de calcaire et de gypse”⁵. Ces falaises sont beaucoup plus résistantes à l’érosion que celles de grès rouge; c’est une distinction qu’il est facile de constater par la différence entre les formes adoptées par les deux types de falaises, ou tout simplement en touchant au grès avec nos mains.

Photo 10: Falaises de grès gris derrière le Musée de la Mer.
Photo 11: Butte des demoiselles, avec vue sur la Baie de Plaisance et l’Anse Painchaud.
Photo 12: Butte des demoiselles.

En terminant, j’espère que ces photos auront su transmettre fidèlement la beauté naturelle des îles! Bien sûr, le potentiel artistique d’un tel archipel est pratiquement infini et ces quelques photos ne sont qu’un très petit projet. Quoi qu’il en soit, l’accessibilité de la photographie représente un outil non négligeable pour sensibiliser la population à des enjeux écologiques, ainsi qu’à l’importance de la préservation des milieux naturels qui nous sont offerts. 

Sources :

  1. Attention FragÎles. (s.d.) Oiseaux des milieux marin, dunaire, humides et forestier des Îles de la Madeleine. http://www.attentionfragiles.org/docs/fichiers/af_oiseaux_final_lowres.pdf
  1. Paquin, J. et Caron, G. (1998). Oiseaux du Québec et des Maritimes (1ère éd.). Éditions Michel Quintin.
  1. Gouvernement du Canada. (2021) Réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est. https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/reserves-nationales-faune/existantes/pointe-est.html
  1. Gouvernement du Québec (2017). Guide touristique officiel 2017-2018: Îles de la Madeleine.
  1. Paysages | Tourisme Îles de la Madeleine. (s. d.). https://www.tourismeilesdelamadeleine.com/fr/decouvrir-les-iles/particularites-regionales/paysages/
  2. Pourquoi les falaises des Îles de la Madeleine sont-elles rouges? (s. d.). Québec maritime. http://www.quebecmaritime.ca/blogue/pourquoi-les-falaises-des-iles-de-la-madeleine-sont-elles-rouges

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