Le 15 mars dernier, plus de 100 000 personnes, pour la majorité des étudiants, se sont réunies dans les rues de Montréal pour faire entendre leurs protestations contre le manque d’action de nos gouvernements vis à vis du réchauffement climatique. Pour dire que oui, nous sommes conscients que notre planète est en danger, mais que ça ne suffit plus d’être simplement conscient et qu’il faut se mobiliser pour faire bouger les choses, en urgence.
Si, par hasard, vous êtes de retour sur terre après une trentaine d’années dans une autre planète (ou simplement dans la lune?), nous avons des bonnes et des mauvaises nouvelles. Surtout des mauvaises, en fait. La Terre se réchauffe, et pour présenter cela d’une manière simple, la cause de ce réchauffement est principalement l’émission de gaz à effet de serre causée par les activités humaines.
Nous, humains, sommes la cause principale de la sixième extinction massive de l’histoire de la vie sur Terre: 50% des animaux ont disparu depuis 1970; une espèce disparait à chaque 20 minutes. La perte de cette biodiversité et les changements climatiques auront un impact irrémédiable sur toute la planète. Un bon nombre d’études ont déjà démontré qu’il existe des moyens de remédier à cette destruction, de ralentir le processus et même de l’empêcher; les gouvernements font cependant preuve d’un manque d’action alarmant en axant leurs priorités sur pouvoir et argent.
À quoi bon entretenir la richesse d’un pays si c’est pour oublier d’entretenir sa survie? À quoi bon accepter l’argent de grandes firmes aux projets toujours plus démesurés et destructeurs de notre environnement, s’il n’y plus de planète vivable pour nous au final? Nous sommes lents à agir, incapables d’accepter les conséquences de nos actions, et nous détruisons à une vitesse de plus en plus importante le futur de nos enfants.
La bonne nouvelle? La nouvelle génération n’est pas d’accord qu’on lui laisse un monde inhabitable en héritage. Et elle crie pour se faire entendre. Est-ce normal que ce soit aux jeunes de prendre la responsabilité de l’inconscience des générations précédentes? À la vitesse où s’accélère cette grande catastrophe environnementale, il n’est plus question de principe moral, mais de nécessité. Au lieu de perdre leur temps à encore remettre en question le besoin d’agir pour le changement comme le font bon nombre de gens, ou de fermer les yeux devant la situation plus que critique, cette nouvelle génération décide de regarder le problème droit dans les yeux et de lui dire « c’est assez! ». Si les anciennes générations décident de ne rien faire, aux jeunes de prendre leur planète en mains. Et ils le font.
Il aura fallu la voix d’une personne pour réveiller cette volonté de se battre à l’intérieur de nous. Greta Thunberg, c’est son nom, étudiante de 16 ans maintenant, toute seule à chaque vendredi devant le parlement suédois, à manquer l’école pour demander des changements. Elle a fait un discours sur la gravité de la situation à la COP24, elle a pris la parole au Forum Économique Mondial devant « la crème de la crème » de la richesse et du pouvoir mondial, et n’a pas eu peur de leur dire que justement, il faut avoir peur maintenant, et que ce n’est pas en restant les bras croisés que les choses vont bouger. Les jeunes, eux, l’ont écouté. Et Greta a été proposée au prix Nobel de la Paix.
C’est pour cela qu’autant de monde s’est réuni dans les rues vendredi dernier, dans plus de 2000 villes dans le monde. Que les étudiants ont voté pour la grève dans leurs établissements d’enseignement. Non, pas pour manquer leurs cours: pour aller manifester, et porter fièrement leurs accusations, leurs préoccupations et leurs valeurs, pour que les gouvernements cessent eux aussi de fermer les yeux et de prétendre agir en laissant le plus gros du problème de côté (oui, Mr Trudeau, il est bien beau d’affirmer avoir pour objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius à la COP21, et d’à côté être en faveur de la construction d’une pipeline qui rendra l’industrie des énergies fossiles encore plus florissante et menaçante.).
Si vous avez regardé de plus près ce monde dans les rues, vous avez peut-être remarqué l’émotion sur les visages. Vous avez vu certains de ces si nombreux manifestants pleurer. D’angoisse ou d’espoir, il est difficile de dire ce qui frappe le plus fort ce temps-ci. Mais vous les avez vu surtout crier, chanter, exiger du changement, et refuser de se laisser ignorer.
Vous les avez vu rester tard à l’école pour voter leur grève, se lever très tôt pour bloquer les portes des cours, confectionner leurs pancartes, organiser la marche.
Vous les avez entendu demander à leur université d’expliquer pourquoi cette institution, qui devrait être le modèle de l’application du savoir, a encore de millions de dollars investis dans l’industrie d’énergie fossile. Vous n’avez toujours pas eu de réponse pour cette question.
Vous les avez vu se battre contre le feu qui brûle leur maison. Et ils vous invitent à faire comme eux, avant qu’il ne reste plus que des cendres.